Je m’apprêtais à faire revivre ce blogue, tombé en pré-hibernation à cause d’un contrat trop prenant pour faire autre chose, quand est parue hier sur le blogue de Patricia Tessier cette lettre au premier ministre québécois pour lui demander de s’inspirer de son mentor Nicolas Sarkosy et doter le Québec d’un plan numérique. À la suggestion de Patricia, je la relaie ici en l’endossant et en souhaitant que cette campagne électorale soit effectivement l’occasion de discuter de cet enjeu majeur pour l’avenir de notre nation.
J’y souscris d’autant plus que la promesse d’une technologie neutre et le plus à jour possible favorisera notre collaboration localement et notre rayonnement à l’étranger en français, en anglais, en espagnol et dans toutes les langues où notre apport pourra être valable. Et si on y prend goût, on découvrira peut-être que la maîtrise de ces outils de communication est la clé de notre responsabilisation grandissante et de la prise en charge complète de notre destin.
On devrait peut-être commencer par la santé et enclencher enfin le réseautage électronique complet du réseau jusqu’au médecin de famille où tous les intervenants auraient accès au dossier des patients sur cartes à puce. Quand j’y pense, je trouve ça effarant que mon fils travaille aux archives papier du CHUM pendant ses vacances. Il me semble qu’on pourrait l’exploiter à meilleur escient à plein d’autres activités.
Et qu’en est-il de la fameuse réingénierie du gouvernement qu’on nous avait promise. On a fait le dos rond beaucoup trop facilement face aux pressions des syndicats qui s’y sont opposés d’entrée de jeu. Qu’on soit de droite ou de gauche, on ne peut que souhaiter que l’appareil gouvernemental produise un maximum de valeur ajoutée. De droite, parce qu’on ne veut pas gaspiller, de gauche, parce qu’on ne peut pas s’opposer par principe à ce que les citoyens soient mieux servis à moindre coût.
Ça prend juste la trempe utile pour faire bouger les choses dans le bon sens. Et on n’aurait pas eu besoin d’élections pour que ça se passe. Il faut espérer d’ailleurs que cet enjeu ne sera pas glissé sous le tapis parce qu’il risque peu de soulever les foules.
Donc, ça me fait plaisir d’ajouter ma voix à celle de Patricia et de tous les membres du réseau Yulbiz qui se sont empressés de la seconder. Allez commenter sur son blogue si vous êtes d’accord à votre tour avec ses doléances et son appel pour une intervention en conséquence.
Voici sa lettre:
Monsieur Charest – Le Québec a besoin d’un plan numérique
Monsieur le Premier Ministre,
Tout récemment, l’indice du commerce électronique au Québec et Recherche Internet Canada (RIC) publiaient respectivement un rapport sur l’état de l’utilisation d’Internet au Québec et au Canada. Suite à la publication de ces rapports, force est de constater que le Québec est nettement en retard par rapport au reste du Canada. Par exemple, avec 64% d’internautes à l’été 2007, le Québec était 19 points derrière l’Alberta qui revendiquait la première place avec un taux de pénétration de 83%. Le rapport nous démontre aussi que l’on retrouve un écart de 15% dans les niveaux d’adoption entre les Canadiens anglophones et francophones (82% contre 67%).
Par ailleurs, l’Indice du comerce électronique au Québec rapporte qu’il y a eu pour 3,5 milliards de dollars d’achats en ligne sur un an au Québec (septembre 2007 – août 2008). Toutefois, au moins le tiers de ces achats s’effectue à l’étranger.
• 87 millions de dollars avaient abouti dans les coffres de détaillants ou departiculiers non canadiens en mars dernier (36 % des achats totaux),
• 146 millions de dollars en mai (58 %),
• 103 millions de dollars en juillet (33 %).
Une des raisons principales est qu’il y a peu d’offres québécoises. Uniquement 52% des PME disent avoir leur propre site internet. Et de celles-ci seulement:
• 30% y proposent du service après vente,
• 26% acceptent des commandes en ligne,
• 7% reçoivent des paiements en ligne.
Nous sommes d’avis que les investissements dans l’économie numérique accroissent la compétitivité de l’ensemble des autres secteurs de l’économie et que la préparation d’un plan de développement de l’économie numérique est un impératif pour le gouvernement québécois.
Nous avons identifié quatre priorités :
1) Permettre à tous les Québécois d’accéder aux réseaux et aux services numériques et éliminer les barrières liées à la sécurité des transactions en ligne.
2) Accroître l’adoption et diversifier les usages d’Internet dans les entreprises, en particulier les PME.
3) Garantir la formation aux usages des technologies de l’information dès le plus jeune âge.
4) Implanter une gouvernance numérique.
Citoyens
Le gouvernement québécois doit garantir l’accès à tous les Québécois à Internet haut débit partout dans la province. L’Internet haut débit constitue aujourd’hui, comme l’eau, le téléphone ou l’électricité, une commodité essentielle.
Parallèlement, il est critique de renforcer la confiance numérique. Uniquement 47% des adultes québécois considèrent les transactions effectuées par carte de crédit sur Internet très ou assez sécuritaire alors que les problèmes réels de sécurité sont plus rares que dans le cas des transactions hors Internet.
Finalement, des mesures doivent être développées pour assurer la protection de la liberté d’expression des citoyens. Un individu confiant participera activement aux débats politiques et à l’activité économique et contribuera ainsi à la santé de notre société.
PME
Alors que le développement des PME est l’une des clés de notre avenir économique, celles-ci ne disposent souvent pas des ressources ou des connaissances nécessaires pour évaluer les bénéfices qu’elles pourraient retirer des investissements en TIC et non pas, non plus, l’expertise requise pour définir une stratégie cohérente avec leur stratégie d’affaires.
Le faible taux de participation des entreprises québécoises à l’économie numérique et l’exode des dollars d’achat des Québécois sont inquiétants pour l’avenir de notre économie. Il apparaît primordial que l’offre de services numériques doit être renforcée au Québec. Pour atteindre cet objectif, les entreprises doivent trouver un environnement favorable au développement des outils numériques notamment par une sensibilisation accrue des PME et une aide financière à l’investissement.
Éducation
L’introduction d’une formation, dès le plus jeune âge, répond à la nécessité de donner, à chaque enfant, des compétences qui sont devenues aujourd’hui indispensables pour réussir tant au niveau professionnel que social.
À cet égard, il est pertinent de garantir la disponibilité d’un accès à Internet haut débit et WiFi dans chaque école et université, d’améliorer les synergies des universités avec les entreprises en général et les entreprises de haute technologie en particulier et de créer des incubateurs d’entreprises.
Finalement, la numérisation accrue et la disponibilité en ligne des contenus académiques et leur libre accès sont des incontournables.
Gouvernement
L’efficacité des actions « numériques » du gouvernement passera par une mise en œuvre concertée et non par un écartèlement des efforts et des budgets entre différents ministères. Il nous appert critique que ce rôle soit regroupé sous un seul ministre avec une capacité d’agir de façon transversale.
L’administration publique doit moderniser l’accès au travail parlementaire en implantant des outils additionnels d’information, de transaction et d’échange. La transparence doit être à l’ordre du jour et le gouvernement doit ainsi démontrer qu’il a confiance au fait que les citoyens sont d’importants contributeurs à notre système démocratique.
Il est aussi impératif que le gouvernement québécois soit un porte-parole de la neutralité du net et s’assure qu’Internet demeure ouvert et accessible à tous.
Finalement, il est important que le gouvernement provincial supporte et guide les gouvernements municipaux en matière de politiques numériques. En effet, ces derniers sont des acteurs importants du développement de l’économie numérique locale.
En conclusion, sans actions claires du gouvernement, nous croyons que le Québec court le risque de maintenir son retard et d’être laissé pour compte dans l’économie de demain. Nous vous demandons de planifier, au plus tôt, un exercice de réflexions et un plan de mise en œuvre pour stimuler l’économie numérique au Québec afin que nous puissions, non seulement rattraper le retard, mais devenir une nation qui prendra sa place et se distinguera dans la nouvelle économie.
Veuillez agréer, Monsieur Charest, nos salutations les plus distinguées.
Regroupement YulBiz Montréal
Patricia Tessier – Consultante, Stratégie Marketing & Internet