Twitter bientôt indispensable en affaires

J’ai eu le malheur récemment de m’inscrire à Twitter après avoir tâté LinkedIn, laissé à l’état de bordel total mon compte Delic.io.us (que je ne vous montrerai donc pas) et quand même pris le temps d’entrer la presque totalité de ma blogoliste et de mes « plus meilleurs » favoris dans Netvibes (où je ne vous inviterai pas tout de suite) et m’être entretenu assez fidèlement avec ma gang dans Facebook. Que voulez-vous, ça fait cinq mois à peine que je suis apparu dans les médias sociaux après avoir collaboré un mois au blogue de Michelle Blanc.

C’est en écoutant mes collègues de Yulbiz que j’ai décidé d’ajouter graduellement des outils à mon arsenal parce je comprends très bien l’argument à l’effet qu’ils se renforcent les uns les autres. On peut notamment drainer du trafic influent sur un blogue à partir de Twitter. Mais voilà, essayer de suivre une gang de 20 ans plus jeune que soi en moyenne donne forcément des résultats moins instantanés qu’ils le disent même si ce n’est pas sorcier. Il faut aussi gagner sa croûte.

Je tire de mon expérience sur Twitter la conclusion qu’il s’agit du réseau social le plus prometteur en affaires. J’ai apprivoisé Facebook en premier parce que cette plate-forme incarne encore le meilleur carrefour intergénérationnel où l’on peut rejoindre aussi bien des contacts professionnels que les membres de sa famille. Je m’attends à conserver cet abonnement où j’irai de moins en moins longtemps, mais pour m’y activer beaucoup plus intensément parce que la nouvelle mouture de Facebook est plus conviviale que la précédente.

Je risque cependant de passer la majeure partie de mon temps alloué aux réseaux sociaux sur Twitter désormais. LinkedIn est loin de m’avoir captivé autant. Pour combien de temps serai-je accroché, je l’ignore totalement parce que les choses bougent assez vite dans cet univers parallèle.

Twits contagieux

Le malheur à propos de Twitter, disais-je, est relié justement aux risques de dépendance beaucoup plus élevés qu’avec les autres réseaux sociaux, comme l’admet lui-même l’un de ses plus populaires adeptes. Pour écrire un article sur Twitter, c’est particulièrement inefficace parce que chaque fois qu’on va y vérifier quelque chose, on s’y attarde beaucoup plus que pour les besoins de la chose.

Et en même temps, tout le temps que j’y ai consacré va vous donner un meilleur aperçu du phénomène qui, même circonscrit à de 1 à 3 millions d’utilisateurs réguliers selon des évaluations divergentes, n’en demeure pas moins remarquable. On en comptait à peine 50 000 il y a un an et demi.

La boule de neige a commencé à grossir le 9 mars 2007 à Austin au Texas lors de la South by Southwest music and digital conference où la plate-forme s’est mérité le « Web award ». Des articles ont suivi dans les semaines suivantes dans le Wall Street Journal et Business Week.

Tout le monde se pose maintenant la question à savoir si la croissance des utilisateurs, multipliée par au moins dix en un an, va se poursuivre encore longtemps. Peu importe l’ampleur que prendra la chose, TechCrunch a donné son verdict récemment et couronné Twitter vainqueur dans la catégorie du micro-blogging. Business Week s’est penché à nouveau sur le cas Twitter pour expliquer sa pertinence en affaires et Fortune a produit un article pour les nuls sur le même sujet.

À coup de sentences senties de préférence

Même si la plate-forme ne fait pas l’unanimité (les critiques les plus fréquentes ayant trait à sa futilité), son principal avantage est sa simplicité et la vitesse d’appropriation qui en découle. Conçu au départ comme une application de messages textes entre téléphones mobiles, les envois sur Twitter, limités à 140 caractères, contraignent leurs auteurs à la concision et à la clarté. Contrairement aux messages textes transmis d’une personne à une autre personne, les twits (traduction de tweet que je dois à mon amie Michelle Blanc) sont expédiés à tous ceux qui ont demandé à les voir.

Twitter a été modifié à la fin de 2007 pour inclure la possibilité de s’y brancher à partir d’un ordinateur. Les inscriptions ont alors bondi et les contenus été considérablement enrichis.

Par appareil mobile, les gens sont naturellement portés à échanger à propos de leurs allées et venues agrémentées de leur menu au restaurant ou de leurs rencontres impromptues dans leur 5 à 7 favori, ce que les critiques du canal lui reprochent en affirmant qu’ils n’en ont rien à cirer. D’ailleurs, Twitter nous y incite en affichant, dans la fenêtre prévue pour entrer son message, la question : « Que faites-vous en ce moment ? »

Avec un ordinateur, Twitter a pris davantage le tournant professionnel qu’on lui connaît maintenant. Les twits (oubliez les plaisanteries faciles auquel fait songer le mot au Québec pour comprendre le reste de cette phrase) favorisent le partage de connaissances et la dissémination rapide de l’information (d’autant plus que l’on tape au moins cinq fois plus vite avec un clavier d’ordi qu’avec un clavier de mobile). Les liens d’URL sont échangés facilement en les réduisant à leur plus simple expression avec des outils comme TinyURL ou Snipurl. Les blogueurs s’en servent pour informer instantanément leur auditoire de la parution de leurs derniers billets ou pour souligner les meilleurs articles de leurs confrères, ce qui est toujours bien vu lorsqu’on ne tombe pas dans la flagornerie.

Plusieurs tremblements de terre, y compris celui du Sichuan en Chine, ont été rapportés dans Twitter avant même que les services d’information n’en parlent. Les journalistes apprennent vite et, selon un twitt récent de Philippe Martin, ceux du Chicago Tribune ont créé en fin de semaine dernière le compte GustavReporter pour informer les abonnés de Twitter au sujet de l’évolution de l’ouragan Gustav.

Premiers pas en affaires

La circulation de l’information est optimisée sur Twitter parce que, contrairement à Facebook, on peut y suivre les activités des gens sans qu’ils n’aient un mot à dire, à moins qu’ils en bloquent l’accès pour autoriser seulement ceux qui les intéressent, ce que peu d’abonnés font. On n’a qu’à cliquer sur « follow » en bas du nom de l’abonné ou du service d’information (les joueurs majeurs en anglais (Business Week, The Economist, Financial Times) sont presque tous là) et l’on va recevoir dans sa page tous les twitts des gens qui nous intéressent. Certains vont vous retourner la pareille et s’intéresser à ce que nous avons à dire à notre tour.

Twitter a rallié depuis un an l’ensemble des évangélistes du Web 2.0 en commençant par Tim O’Reily et John Batelle qui ont été suivis par la plupart des membres de cette tribu à peu d’exceptions près. O’Reily, qui n’écrit pas beaucoup ailleurs comme Batelle, y est très actif. J’ai fait l’exercice en vérifiant qui, des individus et des sociétés citées dans ce blogue depuis ses débuts ou faisant partie de ma longue blogoliste ci-contre, avait établi une présence dans Twitter. Et j’ai dû constater que les deux tiers sont présents.

C’est tout à fait normal dans le domaine. Mais le virus a rejoint aussi des activités moins éthérées. On faisait mention ici de Bin Ends, un détaillant de vins du Massachusetts qui a informé ses clients proches ou lointains (il livre où la loi le permet) de la tenue d’une séance de dégustation en ligne. Environ 200 personnes y ont assisté et 10% d’entre eux ont commandé un des vins commentés par les goûteurs.

Plusieurs articles ont été écrits sur Twitter par les blogueurs les plus influents en matière de marketing sur les médias sociaux. Chez-nous, Michelle Blanc s’intéresse au phénomène depuis environ six mois et en a fait un tour d’horizon récemment où elle recensait un grand nombre d’entreprises déjà impliquées. Chris Brogan a produit récemment 50 idées à propos de Twitter en affaires où les 40 premières rassemblent les étapes à suivre et les aspects négatifs et les 10 dernières les bénéfices qu’on peut en tirer.

Une des principales applications qui a fait ses preuves est la surveillance de ce que l’on dit sur son entreprise dans ce canal. H&R Block et Dell, avec son compte @direct2dell, ont démontré une bonne maîtrise de cette capacité en matière de fidélisation de la clientèle. Aussitôt qu’un client signale un problème, il est cerné et confié à l’un des twitteurs affectés par Dell à cette tâche.

Même si l’utilisation de Twitter en politique par Obama n’a pas fait que des étincelles, son exemple a fait des émules en France, beaucoup plus réceptive aux vertus des médias sociaux que le Québec, au point de se mériter la une de Libération. Twitter a de l’avenir, c’est évident, dans les OSBL et les organismes socio-professionnels. Je doute cependant que sa croissance en fasse un réseau aussi populaire que Facebook avec ses 100 millions d’utilisateurs à travers le monde. Si la chose lui arrive, un autre réseau social s’imposera pour des raisons professionnelles parce que le niveau de bruit ambiant sera devenu trop grand à ce moment-là..

Note : En passant, il y a des recettes pour arriver à tout faire en même temps. Forbes et Direction Informatique viennent d’en publier des versions qui se ressemblent. Pour plonger dans Twitter en minimisant les dommages, je vous réfère aux conseils de Shell Israel aux néophytes et à la discussion sur un blogue très respectable au sujet du bruit dans Twitter d’où il ressort qu’il faut faire avec.

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7 Réponses to “Twitter bientôt indispensable en affaires”

  1. Eve Says:

    Merci pour cet article vraiment très complet et très intéressant!

    Je me considère encore comme une néophyte dans Twitter, étant à ma deuxième semaine d’utilisation. (sous les conseils de Michelle Blanc!!)

    J’aime bien cela, mais je trouve cela encore étourdissant un peu et je n’ai pas encore exploré toutes les possibilités que l’outil peut m’offrir. En ce sens, votre article vient de me donner certaines pistes que je vais explorer c’est sûr!

  2. cfd Says:

    C’est soit « indispensable » ou « bientôt » qui est exagéré dans le titre.

    Twitter reste quand même un outil limité à des réseaux très fermés de professionnels. Il se compare plus à un canal IRC ou à un ICQ évolué entre « nerdz de qualité » (dont nous sommes!), distingant malheureusement mal entre le « status update », « micro-blogging » et le clavardage.

    Le comparer à LinkedIn? na… pas vraiment de lien. Linkedin se débat depuis l’arrivée de Facebook pour se sortir de son paradigme de cv relationnel dans un réseau fermé (approche qui a largement limité sa croissance et sa mission première). Imaginez si Linkedin avait affiché des photos et ouvert son réseau, il serait aujourd’hui un véritable Facebook d’affaires…

    À la limite on peut comparer Twitter à FaceBook qui esssaye (et réussit honnêtement assez bien!) d’intégrer les qualités de tous les outils émergeants (FriendsFeed, Twitter, etc.). Malheureusement, Facebook est tellement populaire qu’on se rend bien compte que l’on a plus d’amis intéressants en dehors du monde professionnel, ce qui nous éloigne (un peu, mais pas tant que ça) d’une mission d’affaires.

  3. Vallier Lapierre Says:

    Mon cher CFD, je ne trouve rien d’exagéré dans ce titre. Bientôt, ça veut dire dans l’année courante. Et les gens ne l’utiliseront pas uniquement pour des échanges de savoir accélérés, mais aussi pour des trucs éminemment pratiques.

    J’aurais dû aller voir le blogue de Philippe Martin avant de publier (c’était prévisible rien qu’à voir ses twitts en fin de semaine) mon analyse. J’y aurais appris http://tinyurl.com/5ss8z7 comment Home Depot a bien tiré son épingle du jeu avec le passage de l’ouragan Gustav sur la Louisiane.

    Les exemples semblables vont foisonner. Aux États-Unis, c’est déjà presqu’indispensable. Ici, je pense qu’il y a de fortes chances que ça sorte bientôt des rangs assez serrés, je l’admets, de la mouvance Web 2.0. Les possibilités sont multiples en réseau fermé où les abonnés demeurent inaccessibles aux gens extérieurs à l’entreprise.

  4. Patricia Tessier Says:

    Ton analyse est vraiment très complète et pertinente. J’y référerai certains de mes clients.

  5. verónica mondragón Says:

    Peut être au Mexique Facebook est le résau sociaux plus important maintenant; Twitter c`est plus connu pour les artistes graphiques et de la web; j ai crois que Twitter a le potential pour exprimer une emotion ou pour partager des interêts jusqu a les affaires

  6. Michel Monette Says:

    Il semble que la combinaison gagnante soit de combiner [Friendfeed] en un seul fil tout ce qu’on fait ici et là (blogs, twits, marque-pages à la delicious, etc.) En ce qui concerne twitter, j’utilise twurl pour raccourcir les liens. Ça permet d’obtenir des statistiques de lectures. Il y a une autre dimension qui explique la montée de tous ces outils pour dire au plus grands nombre en peu de mots ce qui compte : le Web mobile. J’ai depuis peu un iPod touch et je dispose d’un réseau sans fil, ce qui m’a permis de réaliser à quel point « faire court » est utile. N’oublions pas que le nombre de personnes accédant au Web et au reste d’Internet par un appareil mobile quelconque va surpasser (si ce n’est déjà fait) le nombre de ceux qui y accèdent à l’aide d’un ordinateur à la maison ou au bureau. L’avenir appartiendrait-il à ceux qui écrivent tôt et peu?

  7. Frédéric BASCUÑANA Says:

    Je trouve assez éprouvant l’usage combiné de plusieurs outils de ce type : on y a va parce qu’on pense « qu’on a pas le choix » et un peu par instinct grégaire, prosaïquement (et ironiquement) traduit par la fonction de « follower »: je ne comprends même pas cet émerveillement ahuri devant le côté pratique, que n’importe quelle page web pourrait assurer associée à un simplissime flux RSS. Twitter est avant un phénomène sociétal qui souligne la solitude (de ses utilisateurs autistes) et le manque de communication (des gens en général). Nous sommes en train de continuer à nous « déréaliser », de evnir de plus en plus flous et insaisissables pour les autres : paradoxalement, oui. Le comble de l’ironie c’est qu’un « twitteur » à succès n’a même plus le temps de répondre aux questions qui lui sont posées en direct tant il en a… comme si cet excès de présentéisme était addictif au point de devenir contreproductif et d’isoler encore plus ceux qui les provoquent.
    Bref, calmons-nous. Oui, l’outil est sympa en soi, mais ergonomiquement, c’est d’une indigence affligeante, humainement, c’est une régression.
    Son engouement est à analyser au titre de symptôme d’une société malade de son overdose d’outils de communication qui paradoxalement nous isolent. Le côté addictif ne fait que souligner notre insatisfaction, comme tout ce qui est addictif : on est en manque d’une sensation dans la mesure où elle ne nous comble jamais complètement.

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