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La crise comme tremplin du changement

octobre 30, 2008

L’impact de la crise financière, appréhendée déjà au printemps par Marc Andreessen dont les remarques avaient jeté une douche froide sur l’ambiance de la dernière Web 2.0 Expo de San Francisco, a pris des proportions rocambolesques dans la Silicon Valley et dans la blogosphère américaine depuis la fin septembre. L’ampleur des conséquences s’est traduite chez certains auteurs, portés à tirer plus vite que leur ombre sans approfondir pour la plupart, par la mort annoncée du Web 2.0 dans son ensemble, des blogues en particulier et de l’approche entreprise 2.0 à l’avenant.

Des blogueurs québécois plus réguliers sur la gachette que votre humble serviteur tels que Philippe Martin, Laurent Maisonnnave, Claude Malaison et Michelle Blanc y ont déjà fait écho dans leurs billets. Le débat devrait retomber un peu toutefois maintenant que les sociétés de capital-risque de Sand Hill Road ont fait savoir hier matin qu’elles ne couperaient pas les vivres autant qu’en 2001 aux jeunes pousses du Web 2.0 malgré la diminution dramatique des fonds disponibles.

Mises à pied préventives

S’il y une certitude cependant, c’est que toutes les sociétés en démarrage devront rivaliser d’ingéniosité pour atteindre la rentabilité avec des ressources réduites. Conformément aux conseils de Sequoia Capital, lors d’une réunion privée le 7 octobre avec ses propres poulains, des dizaines d’entreprises en démarrage ont réduit leurs effectifs jusqu’à 50% afin de prolonger le plus longtemps possible leurs activités sans devoir recourir à une nouvelle injection de fonds.

 

Bonne entrée en matière

Bonne entrée en matière

 

Intitulée « RIP Good Times » et joliment illustrée pour faire peur comme on peut le voir sur sa première page ci-haut, la présentation de Sequoia a coulé sur les blogues spécialisés le lendemain et a été mise en ligne deux jours plus tard de façon anonyme par un participant à la rencontre. La dramatisation de la démonstration a fait mouche et inspiré à Michael Arrington de TechCrunch la même allégorie pour dire adieu au Web 2.0. Rafe Needleman, autre observateur généralement sérieux de la scène technologique, y est allé de son couplet pour situer parmi 11 entreprises Web 2.0 menacées non seulement des sociétés récentes comme Twitter, mais également des services plus connus et entre bonnes mains comme Spyke et MySpace.

Après ce premier assaut perpétré par les observateurs patentés de la mouvance Web 2.0 eux-mêmes, les objecteurs plus frileux au départ ont eu le beau jeu de questionner la pertinence d’étendre aux entreprises une approche aussi vacillante. Tom Davenport, professeur de Harvard qui a déjà mis en doute les mérites du concept entreprise 2.0 défendu par son collègue Andrew McAfee, en a profité pour affirmer que la crise imposait à tout le monde de revenir aux choses sérieuses. « Aurons-nous le temps de nous balader dans Second Life quand nous devrons occuper deux emplois ? », s’est-il interrogé. D’une certaine façon, son propos ne différait pas beaucoup cependant de celui de Tim O’Reilly pour qui il serait temps que les développeurs du Web 2.0 s’attaquent à des défis plus méritoires que de faire prendre une bière virtuelle aux propriétaires de iPhones. 

Jeter le bébé avec l’eau du bain

Le tocsin a repris de plus belle quand il a été relayé sur le blogue de Chris Brogan, analyste des réseaux sociaux très respecté, par un billet de Dennis Howlett, journaliste technologique de 30 ans d’expérience à l’emploi de ZDNet. Cette fois-là, Tim O’Reilly s’est porté à la défense de son bébé, offusqué de s’être fait souligner, sous le titre « Web 2.0- Était-il seulement vivant ? », que la Web 2.0 Expo de Berlin était ennuyante. Après avoir beurré un peu épais, Howlett a admis que son titre était provoquant à souhait parce que la question méritait un débat.

Sur le plan de la nouveauté, après avoir assisté sans doute à la dizaine de Web 2.0 Expo et Web 2.0 Summit qui ont eu lieu à San Francisco et New York depuis 2004, Howlett a sûrement raison de trouver que ça se répète. J’ai aussi remarqué qu’O’Reilly et John Battelle, l’animateur des sessions avec les invités de marque à San Francisco, reviennent souvent avec les mêmes têtes de pipe. En vue de préparer le défilement des conférenciers au Web 2.0 Summit de la semaine prochaine à San Francisco, où Al Gore et Lance Armstrong serviront d’amuses-gueule, Battelle nous informait ces derniers jours sur son compte Twitter qu’il s’attendait à ce que Jerry Yang de Yahoo ait des choses intéressantes à dire. On l’espère parce qu’il avait été aussi un des invités de prestige lors du premier événement de la série, le seul auquel j’ai assisté, qui portait le nom de Web 2.0 Conference à l’automne 2004 à San Francisco.

En passant, Battelle avait demandé à Yang ce qui l’empêchait de dormir la nuit. Et le patron de Yahoo lui avait répondu tout candidement : « Les deux prochains étudiants de Stanford qui vont transformer la donne autant que Google. »

Howlett devrait faire comme Robert Scoble, le blogueur techno de Fast Company qui assiste probablement au plus grand nombre de conférences dans une année, et prendre un break. Ce dernier s’est amusé hier sur Twitter en écrivant ceci : « Quelqu’un m’a demandé si j’allais au Web 2.0 Summit la semaine prochaine. Navré, je n’y serai pas. Je teste présentement la version alpha du Web 3.42 et je vais être en Chine à la place. »

Que le Web 2.0 emballé dans un événement soit passé date pour des vétérans comme Howlett et Scoble n’enlève rien à la pertinence de l’approche si on ne s’enfarge pas dans les termes et qu’on arrête de colporter que le label est juste un truc de marketing pour mieux vendre la technologie. S’il est vrai qu’il faut s’inquiéter pour les chances d’une innovation quand Microsoft y flaire un bon marché, il n’est pas pour autant approprié de la reléguer au musée alors même que ses premiers fruits commencent à peine à éclore.

Des retombées concrètes

Même en déplorant que le Web 2.0 ait trop peu fait sa marque dans les entreprises, Howlett admet que le livre de Josh Bernoff et Charlene Li, Groundswell, fournit des pistes intéressantes aux organisations pour apprivoiser l’univers des réseaux sociaux. Moins aux faits des développements de l’univers Web 2.0, les journalistes de la presse informatique d’affaires ne s’embarrassent pas de telles nuances pour leur part. James Hamilton  trouve stupide le classement par Gartner des dix tendances de l’année à venir parce qu’il inclut les réseaux sociaux et les applications composites (enterprise mashups en anglais). Trahissant sa propre ignorance, il se demande ce que K-Mart, Sony et IBM vont pouvoir accomplir avec leur blogue dans le contexte actuel.

En ce qui concerne IBM. les participants au Webcom Montréal du printemps dernier ont pu apprécier l’ampleur de la stratégie de Big Blue sous ce rapport. Les autres pourront trouver une réponse plus fraîche dans la présentation de Gina Poole, vice-présidente Social Software Programs & Enablement, lors de la Web 2.0 Expo de Berlin justement.

 

Panoplie des usages  de l'entreprise 2.0 chez IBM

À toutes les sauces chez IBM

 

Aux plus paresseux, je me dois de préciser qu’IBM possède un réseau social à la Facebook appelé Bluepages qui recense 515 000 profils d’employés sur lesquels sont faites 6,4 millions de recherches par semaine. Elle opère aussi 1 800 communautés fréquentées par 147 000 membres qui s’envoient un million de messages par semaine. WikiCentral regroupe 25 000 wikis qui ont été lus par 320 000 personnes. BlogCentral référence 62 000 blogues qui comprennent 260 000 billets. Etc.

Laissant à d’autres le soin de régler le cas de Sony, je renvoie l’allusion à K-Mart au billet de Josh Bernoff à propos de son récent passage au siège social de Wal-Mart. Pour qu’il ait été autant impressionné, il va bien falloir que K-Mart étudie un tant soit peu la question à son tour si ce n’est déjà fait. Rappelant les premiers déboires du détaillant américain avec les médias sociaux, notamment bombardé à son arrivée dans Facebook, il écrit : « Mais quand 138 millions d’Américains fréquentent tes magasins chaque semaine, vous ne devriez pas ignorer les médias sociaux comme vous ne pourrez pas non plus vous en défaire. Les dirigeants de Wal-Mart n’ont pas abandonné après ces mésaventures, ils se sont redressés et ont essayé plus fort. »

On ne devrait pas s’étonner que seulement 11,6% des Fortune 500 aient choisi de bloguer jusqu’ici. Elles ne sont pas habituées à ce que les clients puissent répliquer et elles vont y venir seulement parce qu’elles y sont forcées selon Bertrand Duperrin. « Gary Hamel et McKinsey disaient que le changement était tellement peu dans l’ADN des entreprises qu’il faudrait une crise majeure pour qu’elles explorent de nouvelles voies, se rendant compte qu’elles ne pourraient plus jamais faire comme avant. On l’a notre crise non ? Autant qu’elle serve à quelque chose », écrivait-il récemment sur son blogue.

Heureusement, les organisations moins imposantes et donc moins difficiles à faire bouger sont beaucoup plus vites, un signe d’encouragement conforme à ce qui serait en train d’arriver au Québec selon un collègue établi non pas sur le Plateau Mont-Royal, mais dans un endroit aussi terre-à-terre que Drummondville. C’est ce que démontre une enquête de l’Université du Massachusetts à Darmouth qui a enregistré une progression de 20% depuis un an du taux d’adoption des blogues, passé de 19% en 2007 à 39% en juillet dernier, par les 500 entreprises américaines à plus forte croissance selon le classement du magazine Inc.

Il ne manque pas de blogueurs pour affirmer, selon le souhait exprimé par Duperrin, que la crise joue à l’avantage des réseaux sociaux. Bill Yves laisse entendre toutefois que l’engouement grandissant des entreprises pour le web 2.0 sera accompagné d’une diminution du coût des services et des produits sous la pression de la concurrence. Il cite des prévisions de Forrester à cet effet qui attribuent notamment ce phénomène à la concurrence des fournisseurs dominants comme Microsoft et SAP qui intègrent à leurs applications d’affaires sans frais additionnels des caractéristiques propres aux réseaux sociaux comme le microblogging et des wikis. C’est le cas de Sharepoint. Comme quoi les bonnes ou les mauvaises nouvelles ne viennent jamais seules.

Tous s’accordent pour dire que les ralentissements économiques sont sources d’opportunités en technologies. C’est ce que soutient le chef de la direction de Sun, Jonathan Schwartz, dans un billet dont le titre dit tout : « Innovation Loves a Crisis. » Michael Dell souscrit entièrement à son message et aimerait bien en convaincre ses clients après avoir publié le premier billet du nouveau blogue de son entreprise, Symplify and Save, qui entend montrer aux entreprises comment tirer parti des technologies pour mieux fonctionner à travers la tempête. Dell pourrait d’ailleurs en montrer à Wal-Mart à propos de la façon de tourner à son avantage une situation problématique dans la blogosphère, comme l’ont illustré clairement Bernoff et Li dans Groundswell.

Quoiqu’il en soit de l’issue de la crise pour qui que ce soit, on pourra être fixé sur son sort plus rapidement qu’en temps normal. Elle n’est pas de moi. Cette affirmation plutôt sardonique vient du financier Kent Goldman pour qui le bon côté d’une récession est de pouvoir échouer plus vite. Qu’en pensez-vous ?

 

La blogosphère immobilière américaine affronte la tourmente en rangs serrés

Mai 24, 2008

Aux prises avec la pire crise qu’ils auront connue dans leur carrière, les courtiers et agents américains d”immobilier résidentiel les plus actifs sur Internet s’estiment heureux la plupart du temps de disposer, pour mieux l’affronter, d’une panoplie d’outils web 2.0 qui n’existaient pas il y a seulement quatre ans. En tenant compte de la taille du marché américain qui permet de lancer plus facilement des projets ambitieux, on peut malgré tout déceler parmi ces innovations les tendances qui seront transposées à notre décor dans un proche avenir.

Ça bouge énormément du côté des sites de recherche où tous (agents et propriétaires en vente directe) peuvent inscrire gratuitement leurs maisons à vendre. Zillow domine dans le domaine avec des compétiteurs directs comme Trulia ou indirects comme craigslist et Google Base. Cette visibilité accrue plait aux agents même s’ils doivent la partager avec les propriétaires qui ont choisi de se passer de leurs services.

Avant l’apparition de ces sites, les agents voulant faire connaître leurs propriétés à vendre pouvaient les inscrire sur les services MLS (Multiple Listing Service), mis en place par la National Association of Realtors (NRA) aux États-Unis et l’Association canadienne de l’immeuble (AIC) ici. Ces systèmes ont toutefois le grave défaut aux États-Unis d’être accessibles uniquement par les membres de la NRA et par territoires découpés de façon très aléatoire. On en compte 80 en tout. Le plus gros d’entre eux est situé à Washington et dessert également la plus grande partie du Maryland et des parcelles de la Virginie, de la Virginie de l’Ouest et de la Pennsylvanie.

La situation est différente au Canada où l’ACI a aggrégé en une seule base de données les listes fournies par ses agents à travers tout le Canada et choisi d’en rendre l’accès public. Cela n’a pas empêché toutefois des étudiants de l’Université de Sherbrooke de mettre sur pied un service équivalent pour le Québec qui se veut plus complet en recensant, comme les sites américains, toutes les maisons à vendre. Des répertoires régionaux comptent également tirer leur épingle du jeu en jouant la carte plus locale encore.

Plates-formes d’entraide et de collaboration

La principale transformation du secteur aux États-Unis est intervenue cependant avec l’utilisation massive des technologies web 2.0 par les agents qui y ont vu un bon moyen de se distinguer des services de vente directe par les propriétaires. Si on inscrit les mots clés «real estate blog» dans Technorati, le moteur de recherche de blogues, on obtient plus de 100 000 liens. En cherchant tous les billets identifiés avec l’étiquette (Tag) «real estate», on obtient plus de 230 000 liens. La fonction «recherche de blogues» dans Google, soumise aux mêmes mots clés, mène à plus de 380 000 liens.

Il est impossible de savoir combien de ces liens appartiennent à des blogues d’agents immobiliers spécifiquement. Le climat économique fait en sorte que beaucoup de monde s’intéresse au sujet présentement.

La prolifération des blogues d’agents, doit-on noter cependant, a été favorisée par le lancement de trois plate-formes de blogues dédiées principalement à leur usage. Loin de vouloir introduire un nouveau modèle d’afffaires dans le secteur, ces réseaux tentent au contraire de renforcer ses structures existantes en fournissant aux agents de meilleurs moyens d’accomplir leur tâche.

ActiveRain Real Estate Network est le champion à battre avec ses 88 842 membres en date d’aujourd’hui, environ 5 000 de plus qu’il y a environ un mois lorsque j’ai commencé cette recherche. Plus de la moitié de ces personnes sont des agents et le reste est partagé en plus de 25 catégories d’activités connexes : des prêteurs hypothécaires, des conseillers en mise en valeur du produit (home staging), des notaires, etc. Ils appartiennent d’office à leur regroupement régional (par états et par provinces) et peuvent s’inscrire dans des groupes d’intérêt mis sur pied par d’autres membres.

Ce ne sont pas tous des blogueurs actifs. Beaucoup se contentent de remplir un profil.

La liste des blogues les plus fréquentés sur ActiveRain indique d’ailleurs que plusieurs proviennent des membres qui ont des services à vendre aux autres. On y retrouve au sommet plusieurs consultants qui discourent abondamment au sujet des mille et un trucs pour mieux profiter des blogues et des autres technologies Web 2.0 en immobilier résidentiel. Le sixième blogue le plus populaire sur ActiveRain est d’ailleurs animé par un artiste montréalais, Marti Garaughty, qui y promeut ses talents en design de pages web.

La deuxième plate-forme en importance. RealTown, suit de près ActiveRain avec ses 76,315 membres. Elle accueille aussi 5 300 blogues, publie un wiki sur l’immobilier résidentiel avec l’apport des membres et comporte une fonction recherche de maison à vendre pour attirer les acheteurs. Zolve se veut pour sa part un lieu virtuel permettant aux professionnels de l’immobilier de repérer plus facilement leurs interlocuteurs les plus valables sur un marché extérieur qui leur est peu familier. Les 5 291 membres de cette plate-forme, alimentée par les références des clients et des confrères, sont pour l’instant concentrés aux États-Unis et au Canada malgré les ambitions de couverture mondiale affichées par son prometeur.

Rumeurs et potins à l’appui

Le fondateur d’ActiveRain, Jonathan Washburn, a publié récemment sur son blogue un index des 100 blogues les plus populaires du secteur en faisant la moyenne de leur trafic selon Alexa et Compete. Cette liste regroupe exclusivement les blogues opérés de façon autonome puisque la fréquentation des blogues hébergés sur des plates-formes comme WordPress et Typepad, tout comme ActiveRain et RealTown, échappe aux engins de calcul qui fournissent les résultats d’ensemble des plate-formes uniquement.

Cette liste est fort utile pour constater la diversité des blogues du secteur.

La première place du classement est occupée par Curbed, un blogue qui couvre l’actualité immobilière de New York et de tous ses à-cotés comme la vie de ses quartiers (les ouvertures et fermetures de bars et restaurants s’y retrouvant en bonne position) au rythme d’une douzaine de billets par jour. Il a comme particularité d’être alimenté essentiellement par les courriels de ses lecteurs qui fournissent l’information à la base de la plupart des billets.

Curbed contient donc aussi bien des informations factuelles faciles à vérifier que des potins et des rumeurs qui peuvent se révéler sans fondement (les éditeurs du blogue avertissant même ses lecteurs que ses contenus sont sujets à caution). Comme les rumeurs sont importantes en immobilier résidentiel, le blogue joue son rôle pleinement dans son secteur tout en fournissant aux curieux des sujets de conversation parfois juteux. D’où sa popularité. On imagine que les éditeurs écartent tous les sujets qui prêtent à litige ou controverse inutile dans leur domaine.

Fondé seulement en mai 2004, Curbed a fait des petits à San Francisco et Los Angeles. Le réseau comprend aussi des éditions locales de Eater et Racked, des blogues rendant compte de la scène gastronomique et du magasinage (shopping pour les Français) dans ces trois villes.

On retrouve aussi aux premières places de façon très normale des regroupements de blogueurs (l’avantage étant de pouvoir rafraîchir beaucoup plus souvent le blogue à plusieurs) qui abordent une thématique spécialisée ou couvrent exclusivement un territoire précis. Parmi ce type de blogues, on compte :

1. BloodhoundBlog, un blogue initié à Phoenix en Arizona dont les collaborateurs de partout aux États-Unis en font une des premières sources, tous média confondus, d’information immobilière;
2. Geekestate, lancé à l’initiative de Zillow, est le fruit des contributions d’une dizaine de spécialistes des technologies et de leurs applications dans le secteur;
3. Agent Genius regroupe près d’une trentaine de collaborateurs de très haut calibre qui publient des contenus d’intérêt pour la profession;
4. RainCity Guide , un blogue produit par 13 agents de Seattle qui suit de près la scène locale sous tous ses angles.
5. BiggerPockets, le blogue de la communauté des agents affiliés à BiggerPockets auquel contribuent une dizaine de ses membres.

Les alarmistes ont la cote

La transparence érigée en vertue chez les blogueurs en général nous vaut dans le secteur de l’immobilier de retrouver des blogues consacrés uniquement à la crise actuelle. Ces blogues, tels que The Housing Bubble, Housing Doom, Blown Mortgage et HousingBubbleCasualty, figurent en très bonne position au classement bien que leur lecture assidue doit donner froid dans le dos.

Pendant que certains blogueurs se demandent assez anxieusement si les États-Unis vont mettre autant de temps à se remettre de la crise actuelle que les Japonais en ont eu besoin (dix ans) pour sortir de leur crise financière du début des années 1990, d’autres se font une spécialité d’aider les propriétaires en difficulté à manoeuvrer pour minimiser les dégâts. Le blogue d’Inman News, deuxième au classement des plus fréquentés, a poussé l’analyse en profondeur jusqu’à installer sur YouTube un vidéo d’une heure et vingt (vous êtes averti) intitulé « How We Got Into this Mortgage Mess and How We Get Out. » Il s’agit de l’enregistrement d’une table-ronde au Club Princeton de New York à laquelle ont participé le 23 avril dernier trois grosses pointures de la scène économique : Peter Orszag, directeur du bureau du budget au Congrès américain, Zanny Minton Beddoes, éditrice des pages économiques à The Economist et Allan Blinder, professeur d’économie et d’affaires publiques à l’Université Princeton.

Sans doute inspiré par la popularité des blogues jouant les Cassandres, le même blogue nous informait hier de la production d’une émission de téléréalité sur la vie d’un agent spécialisé dans l’achat et la revente des maisons saisies par les prêteurs. Un billet précédent rapportait l’existence de tours guidés en autobus, remplis d’acheteurs potentiels flairant les aubaines, des quartiers les plus affectés par les saisies.

Promoteur de la conférence Real Estate Connnect San Francisco 2008, du 23 au 25 juillet prochains, Inman News n’échappe pas elle-même à la tendance voulant que tout revers économique comporte son lot d’opportunités («It rains, sell umbrellas»). Un atelier y est consacré aux contingences propres aux reprises de maisons. Les agents les plus débrouillards n’auront pas à attendre jusque là et trouveront toute l’information désirée sur le blogue d’International Listings, organisation spécialisée en annonces classées de biens de luxe à l’échelle internationale, qui recense. au profit de ses riches lecteurs, les 100 meilleures sources Internet d’information sur les reprises de maison. On y trouve des liens vers des tutoriels, des encans, des sites d’information spécialisés et une quinzaine de blogues dédiés uniquement aux reprises de maisons.

La question à savoir si la technologie peut aider dans les circonstances à adoucir de façon marquante les conséquences de la crise a été posée par le blogueur Spencer Rascoff qui y répond par la négative. La crise du marché hypothécaire s’étant transformée en une crise financière sévère, les blogueurs et les réseaux sociaux sont quasiment impuissants à ses yeux à en minimiser les maux.

Toujours selon son avis, il en aurait été autrement par contre si le secteur avait disposé des mêmes outils au début de la formation de la bulle immobilière. Appuyé sur ce point par Don Tapscott, il croit que la transparence accrue de l’information aurait fait ressortir dès le début au grand jour la spirale catastrophique de telle sorte qu’on aurait pu l’enrayer avant qu’il ne soit trop tard.

Je suis loin d’endosser un tel point de vue qui prête aux réseaux sociaux des mérites qu’ils n’ont pas à mon avis. Ça me fait penser à la thèse de Peter Schwartz dans The Long Boom, publié en 1999, qui attribuait aux technologies la capacité de faire coïncider au plus près l’offre et la demande et de couper court ainsi aux cycles économiques prononcés. Source d’influence accrue certainement, les blogues ne changent pas fondamentalement pour autant leurs auteurs qui demeurent toujours incapables de faire des miracles. Qu’en pensez-vous ?

Marketing interactif : un remède anti-récession ?

Mai 9, 2008

Note : Cet article a été publié d’abord le 3 avril dernier sur le blogue de Michelle Blanc qui m’avait gracieusement accueilli comme collaborateur parce que j’avais le goût de bloguer et que je n’avais pas encore de blogue.

Anticipée le 17 mars dernier comme la plus prononcée depuis la deuxième guerre mondiale par Alan Greenspan, la récession a été envisagée comme possibilité pour la première fois hier par son successeur, Ben Barnanke, le dernier à pouvoir en prononcer le nom. Quoiqu’il en soit des craintes de Greenspan à qui plusieurs reprochent de ne pas avoir vu la crise venir alors qu’il était à la tête de la Réserve fédérale américaine, prenons pour acquis, en étant prudent, que peu d’activités sont à l’abris d’un ralentissement sévère.

Y aurait-il des exceptions ? Ou du moins des domaines moins affectés que d’autres ?

Les avantages du marketing interactif en période de récession font l’objet depuis peu d’articles et de billets suivis de discussions fort intéressantes sur plusieurs blogues dédiés au marketing en ligne. Le sérieux des sources qui abordent la question fera sûrement réfléchir les entreprises contraintes de réduire leur budget de marketing global.

Soulevée dans les pages de The Economist et du London Times en janvier, l’hypothèse a été défendue par quelques blogues spécialisés comme Search Engine Watch avant d’être endossée totalement par Forrester Research au début février. Depuis, eMarketer et MarketingSherpa ont rejoint la parade. Tous ces évangélistes font valoir quelques bons points à mon avis.

L’article de The Economist souligne d’abord que plusieurs entreprises voulaient déjà ajuster leurs budgets de marketing avant la récession. Elles accordent seulement 7% de leurs investissements au marketing en ligne alors que les gens passent déjà sur Internet 20% de leur temps alloué à l’information et au divertissement.

Elles y sont encouragées maintenant d’autant plus que le ralentissement favorise les investissements les mieux ciblés et les plus facilement mesurables. Or sur ce plan, le marketing par référencement payant s’est révélé la technique de marketing la plus efficace, souligne l’hebdomadaire britannique.

Josh Bernoff, vice-président recherche chez Forrester et auteur de l’analyse citée plus haut, souligne de son côté que la considération du produit ou du service au bon moment, rendue possible avec le marketing interactif, déclenche plus de ventes que la publicité conventionnelle. La notoriété accrue est inutile quand les gens comptent leurs sous, observe-t-il.

Dans un autre article sur Search Engine Watch, Greg Jarboe, président de SEO-PR, pense même que l’essor du marketing interactif va entraîner le recyclage de plusieurs professionnels du marketing de masse inquiets pour leur avenir (c’est déjà commencé). Pour les convaincre, il rapporte très pertinemment les propos de Josh Gampel, vice-président de Onward Search, recruteur de spécialistes en marketing par référencement (payant et naturel) au service des grandes entreprises.

« Le marketing par référencement est définitivement un emploi anti-récession, indique M. Gampel. Les investissements en marketing direct ont augmenté lors des précédentes récessions parce que c’est la forme de marketing qui offre la meilleure visibilité sur les résultats. Cette particularité est devenue l’apanage du marketing par référencement cette fois-ci. Dans les faits, nous prévoyons que les investissements en marketing par référencement vont doubler d’ici 2011. »

Même réduite, en tenant compte d’une récession plus sévère que prévu, la dynamique du marché va certainement nécessiter l’apport de nouvelles ressources. Il ne faut pas oublier que le marketing par référencement n’existait à peu près pas il y a huit ans.

Pour les curieux qui voudraient s’initier à la chose, je vais sûrement en reparler ici sous peu.